CONSÉQUENCES DE LA GUERRE DE CENT ANS
Par Omer Baudry
La guerre de Cent Ans a été fatale à beaucoup d’établissements aussi bien laïcs que religieux. La
guerre
elle-même causait beaucoup de dégâts mais les périodes de paix n’étaient pas plus favorables, surtout pour
les paysans : les soldats démobilisés constituaient des bandes qui rançonnaient les voyageurs et pillaient
les villages isolés.
La Peste Noire est venue s’ajouter à tous ces fléaux et on estime qu’entre 1347 et 1350, elle a tué
entre
30 et 50 % de la population européenne avec de nombreuses répliques jusqu’au début du XVIIIe siècle (1720, peste de
Marseille).
Paradoxalement, toutes ces calamités ont permis la disparition du servage, tout en modérant ce terme : il
semble en effet, que le servage n’ait pas été très important dans notre
région.
Notre région a été particulièrement touchée et vidée de ses habitants, par sa situation de frontière entre
les Français du nord et les Gascons dépendant du roi d’Angleterre, au sud.
À chaque avancée des uns ou des autres, la Saintonge « trinquait ». Les terres non cultivées, faute
de
bras, sont devenues des friches qui se sont transformées en fourrés et en bois.
Certains seigneurs, soucieux de ne pas laisser leurs terres abandonnées, ont proposé à des serfs, de
racheter le contrat qui les liait à une terre seigneuriale pour venir s’installer librement sur les leurs.
La
concurrence jouant, la plupart des seigneurs ont été obligés à faire de même.
Il ne reste pratiquement plus de documents mais on sait que des populations nouvelles venues
principalement d’Anjou et de Basse Bretagne, s’installent à partir des trêves de 1440 en Saintonge. Il
n’est pas aisé de savoir la façon dont cela s’est passé, par manque de documents. Ils ont élevé des
troupeaux qui ont contribué au défrichage. La construction de leur maison et les besoins du chauffage ont
augmenté les possibilités de défrichage, d’autant plus que les seigneurs pour mieux fixer ces immigrants
leur accordent des « exploits » c’est-à-dire le droit de mener les troupeaux paître dans leurs forêts,
ainsi que le droit de couper le bois pour leur propre usage. Au bout de quelques années, les seigneurs ont
régularisé la situation en les soumettant au cens (redevance foncière due au seigneur qui possède des
titres sur la terre en
question.)
Le pays ayant été dévasté, la
plupart des noms de lieux-dits ont disparu.
Pour se repérer, les seigneurs au moment du contrat ou baillette donnent à la terre le nom de celui qui
la
cultive. Ainsi naît l’habitude des « chez Untel ». À noter que le mot « chez » vient du latin casa, signifiant
maison. Nos communes sont très riches en hameaux portant cette dénomination datant de cette époque. Ces
toponymies montrent combien la fin du XVe siècle a transformé le
pays.
Autre conséquence de cette arrivée de population, les nouveaux arrivants ont progressivement
imposé
leur langue et la Saintonge, terre de langue occitane a, en quelque sorte, perdu ses racines. Le
saintongeais est devenu proche de la langue de Rabelais, illustre Angevin. Cependant, certains mots sont
restés. Par exemple, le vim pour parler de
l’osier (mot d’origine germanique), est un mot typiquement occitan venant du latin vimen. Il est resté
dans le vocabulaire saintongeais alors qu’en Aunis on dit l’oisi ou quelque chose comme cela,
plus proche de l’osier.
Sources diverses, avec l’aide de M.Marc Seguin.
Rappel (source Wikipedia) : La guerre de Cent Ans couvre une période de cent seize ans
(1337 à 1453) pendant laquelle s’affrontent sur le sol français deux
dynasties, les Plantagenêts et la Maison capétienne de Valois, lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues. Bien
qu'aucune bataille d'importance n'ait eu lieu après 1453, la guerre de Cent Ans ne se termine officiellement
qu'avec la signature du traité de Picquigny
par Louis XI de France et Édouard IV d'Angleterre en 1475.