La laiterie du Gua
Par Nicole Lebigre 2012
La laiterie du Gua aurait 100 ans aujourd’hui. Construite en 1912, ce fut la richesse de la commune du Gua
Créée par Jean Mercier de Cadeuil, Me Moreau notaire au Gua et Mr Martin, chassé d’Aunis par le phylloxéra, installé à la Tublerie à Sablonceaux à la limite du Gua et quelques autres. Ils ont convaincu des producteurs de s’associer pour créer la coopérative du Gua en 1912, Monsieur Martin en sera le premier président.
La qualité du beurre des Charentes a été vite reconnue par rapport à celle des productions traditionnelles qui associaient beurre et fromage. En faisant le fromage, ils recueillaient la crème qui restait dans le sérum pour en faire du beurre ; tandis qu’en ne faisant que du beurre, on n’introduisait pas ce goût qui provenait de la fermentation des fromages.
L’obligation d’élever des Normandes, au lait très riche en crème, a également contribué à la qualité. Les vaches mises dans les marais, amenèrent une qualité supplémentaire avec l’appellation « prés salés de la Seudre »
La laiterie s’est considérablement développée jusque dans les années 1960, produisant 600T de beurre par an et s’est diversifiée en 1955 en introduisant une unité de production de lait en poudre.
Au plus haut de sa production, la laiterie employait plus de 100 ouvriers. Pour utiliser les sous-produits, petit lait, sérum, quatre porcheries furent construites, permettant d’engraisser plusieurs centaines de porcs.
Avec la surproduction de lait, les quotas et la diminution du cheptel, dans un premier temps, elle a absorbé toutes les laiteries environnantes mais a fini par être elle-même absorbée par Surgères en 1982 et a arrêté sa production en 1985. Monsieur Jean Couret en a été le dernier directeur.
Le ramassage du lait en 1917, extrait de l’article de Madame Yvonne BOUQUET de Cadeuil, le lien n° 6 juillet 1980 :
« J’avais 17 ans, j’ai assuré le ramassage du lait sur la tournée de Pont-l’Abbé et Saint-Sulpice d’Arnoult, l’une des plus longues.
Il fallait partir de très bonne heure en été, quatre heures et demie. On attelait « Marquise », la jument noire, ou « Loulou », le petit cheval bai.
En hiver, si le départ était un peu retardé du fait qu’il y avait moins de lait et que l’on coupait la tournée en deux, le travail restait très pénible. Dans la charrette, assise sur une caisse, une couverture sur les genoux, j’avais quand même très froid.
J’arrivais à la laiterie bien après midi. Les autres laitiers étaient rentrés chez eux. Personne pour m’aider, j’étais seule sur le quai. Il fallait tirer les lourds bidons de cent litres hors de la charrette, les pencher sur le bassin, les soulever pour les vider, puis les renverser pour les échauder à la vapeur avant de les remettre en place dans ma charrette pour le lendemain. »
Aujourd’hui la grande cheminée en brique mesurant une quinzaine de mètres est toujours visible.
Remerciement à Omer Baudry, Jean Couret, Alliot Jean