D’abord, je tiens à remercier l’Association pour son invitation. Je découvre le temple de Saujon…Saujon, j’y passe, mais je me suis rarement arrêté …désolée Monsieur le Maire. Quand on est de La Rochelle, on a tendance à aller vers Royan, directement…
Le sujet : « Luther et la liberté de conscience ». C’est un sujet complexe dans la mesure où la question de la liberté de conscience n’a jamais été contestée, même au Moyen-âge. La liberté de conscience intérieure, et je souligne « intérieure » est entière. Ce qui pose problème c’est d’exprimer publiquement cette différence. Ce qui est contesté c’est la dissidence publique. La liberté de conscience, on n’y va pas (?) ; même au temps de la période cathare difficile en Languedoc, il y a un certain nombre de documents qui précisent que, être discret sur le fonds de sa conscience n’entraîne pas ... La seule difficulté c’est : à quel moment vous conservez votre liberté de conscience … et vous vous retrouvez en contradiction entre votre conscience et les gestes que l’on vous oblige à faire. C’est la question du nicodémisme[1]. Pour revenir à Luther, il ne fait pas oublier qu’il y a un groupe, extrêmement intéressant, les vaudois[2] au début à Lyon au XIIIe siècle ; ils se réfugient en Provence et la fin va être dramatique en 1543 pour beaucoup puisque c’est un des premiers grands massacres en France. Ces vaudois vivaient très paisiblement en Provence[3]. Ils avaient trouvé la paix de la façon suivante : ils se soumettaient à l’obligation catholique ; mais ils n’en gardaient pas moins un rapport à l’Évangile qui leur avait causé pas mal de difficultés dans les dissidences des XIVe et XVe siècles. Ils pensaient que conserver à la fois leur conscience, leur christianisme, les obligeait « à une certaine réserve » comme on le dirait aujourd’hui. Donc l’idée selon laquelle le XVIe serait le siècle de l’émergence de la liberté de conscience, à la suite de la Réforme protestante, c’est oublier que le débat, avant, est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit.
Marc Lienhard[4] qui travaillait sur les dissidences en pays rhénan : petites communautés savaient cultiver à la fois une certaine obéissance de fait et une certaine liberté de pensée intérieure. Seule difficulté pour l’historien : quand ce n’est pas exprimé par écrit, il n’y a pas de source, et s’il n’y a pas de source, cela n’existe pas.
Quand Luther déclenche la querelle des indulgences, Luther n’a absolument pas conscience du mécanisme et du chemin sur lequel il l’engage. Luther pose la question tout simplement au sein de l’Église de l’époque, qu’il y a des pratiques qui ne sont pas admissibles. Et il est absolument persuadé que l’Église va en débattre. Il appelle à un Concile et est persuadé qu’à un moment ou à un autre l’Église devra se réformer et devra réformer ses pratiques.
La querelle des indulgences est une querelle complexe. Mais c’est à ce moment-là vers les années 1517-1518 … qu’indépendamment du développement de sa doctrine, le geste luthérien … Luther est dans la mouvance de ce qui se passe dans le reste de l’Europe, comme un peu avant avec Jean Hus[5] … c'est-à-dire qu’il considère tout simplement que cette Église n’est sans doute pas à la hauteur de son projet.
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